Les instants connectés : les espaces de circulation

Avis d’expert : Alexandre Naoun – Directeur de la société Weenov

Promotelec profite de ce nouvel avis d’expert pour aborder cette fois les objets connectés du côté des professionnels, en donnant la parole à Alexandre Naoun, Directeur de Weenov, une agence qui accompagne les entreprises dans la mise en place de stratégies d’innovation et dans le développement d’objets connectés et des modèles d’affaire associés.

Weenov a participé au développement de quels types de solutions dans le secteur bâtiment/habitat?

Weenov a notamment travaillé dans la conception de solutions dédiées au traitement de l’air. Pour les professionnels, le premier potentiel des objets connectés, c’est la maintenance, pour faciliter le travail du fabricant ou de l’installateur.

Dans le traitement de l’air, par exemple, il peut s’agir de savoir comment remonter l’information d’un filtre bouché dans une ventilation double flux, ou encore, de faire en sorte que l’installation aide à la configuration de l’appareil.

Nous participons également au développement de solutions qui permettent de traquer l’état des appareils, au moment de leur pose. Des technologies très utiles pour les sociétés spécialisées qui sont de moins en moins aguerries aux bonnes pratiques en matière d’installation.

Les outils que nous proposons sont pensés dans un souci d’amélioration du cycle de vie du produit, de la conception à la vente, en passant par le maintien.

Aussi, le secteur du bâtiment doit faire face à un manque de compétences des installateurs. Les objets connectés peuvent alors aider à pallier ces lacunes au moment de l’installation des équipements. Ils peuvent également simplifier la maintenance des installations durant la phase d’utilisation des équipements.

Quelles idées les professionnels ont des objets connectés lorsqu’ils font appel à vos services ?

Le cycle de hype ⁽¹⁾ décrit bien les différentes phases que vit une technologie, et les objets connectés n’y ont pas échappé. Il y a cinq ans environ, les objets connectés connaissaient leur pic d’engouement. Les professionnels, considérés alors comme « early adopters », voulaient tout connecter, encouragés par des technologues et autres experts en marketing. Au final, beaucoup de solutions développées à l’époque n’ont pas trouvé leur public.

Aujourd’hui, les entreprises sont beaucoup plus au fait du phénomène des objets connectés. Les professionnels ont entendu parler des technologies, mais sont assez méfiants vis-à-vis de la valeur que cela peut apporter à leur activité. Les sociétés qui se lancent sur le marché des objets connectés sont certes plus nombreuses, elles font aussi plus attention, et les choix de stratégie sont plus avisés.

Dans le bâtiment, certaines applications ont rapidement trouvé un écho auprès des professionnels. C’est le cas particulièrement des produits permettant d’améliorer la productivité et favoriser le facility management ⁽²⁾ : détecteur de fuites, détecteur de points chauds pour prévenir du risque de légionellose, détecteur de courant dans les machines, etc.

Les entreprises sont intéressées dans le développement de solutions qui leur donnent la possibilité de ne pas se déplacer inutilement, et de pouvoir réaliser leurs réglages à distance.

La multiplication des objets connectés dans notre quotidien s’accompagne d’une crainte grandissante des utilisateurs concernant la sécurité et le risque de piratage. Comment abordez-vous ce volet sécurité dans le développement de produits ?

 Les fabricants ont tendance à négliger ces questions de sécurité. Aujourd’hui, dès qu’un objet connecté utilise une connexion WIFI pour être relié à Internet, il devient une passerelle potentielle qu’un hacker pourra utiliser pour pénétrer notre réseau domestique et entreprendre des actions malveillantes.

Pour les professionnels, notamment les hôpitaux, nous travaillons avec des objets connectés qui ne sont pas reliés aux réseaux des bâtiments, afin que les objets ne servent justement pas de passerelle. Cependant, cette configuration ne peut protéger totalement l’installation contre le piratage. Sans vouloir voler des données, un hacker peut en effet décider d’empêcher les systèmes de fonctionner, en prenant le contrôle via le data center d’hébergement pour menacer de couper le lien avec les objets connectés et de les éteindre.

Cela fait partie des nombreuses problématiques de sécurité auxquelles les professionnels doivent faire face. Malheureusement, elles ne mobilisent pas encore assez d’attention et d’efforts pour entrevoir le risque zéro. Le risque est généralement accepté et compris une fois qu’il a été vécu.

>> Pour plus d’infos : weenov.com.

¹⁾ Le cycle de hype comprend cinq grandes phases : le déclencheur de l’innovation, le pic d’attentes démesurées, le tunnel de la désillusion, le retour en grâce et le plateau de productivité. Source: cabinet Gartner.

²⁾ Le facility management regroupe toutes les activités d’une entreprise qui permettent son bon fonctionnement.